
« Nous avons vécu, et vivons toujours actuellement des événements particuliers qui bouleversent notre vie au quotidien, à tous les niveaux. Cela affecte spécialement les élèves.
Afin de prendre en compte le vécu des élèves, le Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en partenariat avec les universités de Liège (ULiège) et de Louvain (UCLouvain) (responsables : Ariane Baye, Dominique Lafontaine, Benoit Galand et Liesje Coertjens), mène une enquête en ligne concernant le bien-être des élèves pendant la période de confinement et de réouverture progressive des écoles. L’objectif est de leur donner la parole et de leur permettre de s’exprimer sur leur vécu : dans quelle mesure ont-ils été affectés par la fermeture prolongée de leur école et les changements des conditions habituelles d’apprentissage ? Qu’en est-il de leur bien-être et de leur motivation pour l’école en période de (dé)confinement ?
Les résultats de l’enquête permettront une meilleure connaissance de l’impact de ce contexte singulier sur le bien-être des élèves afin de mettre en place des actions pour y réagir de manière adéquate. Par ailleurs, le bien-être des élèves étant lié au bien-être des enseignants et des équipes éducatives, les résultats pourront également être exploités afin d’améliorer le bien-être de tous les acteurs de l’école.
Qui est concerné par cette enquête ?
Tous les élèves du secondaire de l’enseignement obligatoire, ordinaire et spécialisé. La participation au questionnaire en ligne est anonyme et s’effectue sur base volontaire. L’élève peut choisir de ne pas participer ou cesser de répondre aux questions à tout moment.
- 1ère édition : du 4 au 30 juin 2020 ;
- 2ème édition : du 21 septembre au 9 octobre 2020.
Répondre au questionnaire en ligne dure environ 10-15 minutes et concerne des thèmes comme les émotions ressenties (par exemple, « en ce moment, je suis heureux·se »), la motivation pour l’école (« je m’applique dans le travail scolaire »), la perception du soutien reçu de la part des enseignants (« actuellement, mes enseignants font tout leur possible pour aider les élèves à apprendre »).
Une garantie de confidentialité
Les réponses de chaque élève sont confidentielles et nous ne collectons pas d’informations personnelles permettant d’identifier le participant, telles que le nom, l’adresse e-mail ou l’adresse IP. La participation de l’élève implique que les parents acceptent que les renseignements recueillis soient utilisés anonymement à des fins de recherche et d’information.
Les modalités pratiques de gestion, traitement, conservation et destruction des données respectent le Règlement Général sur la Protection des Données (UE 2016/679), les droits du patient (loi du 22 août 2002) ainsi que la loi du 7 mai 2004 relative aux études sur la personne humaine. […]
Premiers résultats
Le nombre de réponses à la première édition de cette enquête en ligne (juin 2020) a largement dépassé les attentes : plus de 6.000 élèves du secondaire se sont exprimés sur le sujet. Les répondants présentent une diversité de profils (genre, année d’étude, environnement familial, milieu socio-économique) ; toutefois il apparaît que ceux-ci représentent une frange socialement plus favorisée que l’ensemble des élèves de ce niveau d’enseignement. Parmi les répondants, 21% des élèves sont retournés à l’école, 18% ont fait le choix de ne pas y aller, et 61% n’ont pas pu retourner à l’école car il n’y avait pas de cours organisés pour leur année.
Le vécu des élèves du secondaire est très variable, mais le confinement ne semble pas avoir véritablement entamé la motivation pour l’école ou le bien-être de la majorité de celles et ceux qui ont répondu au questionnaire. Une majorité d’élèves indiquent par exemple que le stress lié à l’école a diminué, sans doute suite à la suppression des examens. Si les élèves se disent en moyenne moins heureux que dans une enquête comparable menée en 2018, certains, en difficulté scolaire ou stressés par l’école, se disent au contraire plus heureux. L’émotion négative la plus répandue est, sans surprise, l’ennui. 70% des élèves environ ont reçu régulièrement du travail et 80% des élèves disent s’être impliqués dans le travail proposé. Par contre, les contacts plus personnalisés avec des enseignants (par exemple, discuter « de vive voix ») ont été beaucoup moins fréquents (15% seulement des élèves avaient de tels contacts au moins 2 fois par semaine).
On note peu de différences de motivation et de bien-être entre, d’une part, les élèves de 2e et de 6e secondaire qui sont retournés à l’école et, d’autre part, ceux qui ont fait le choix de ne pas y aller. L’enquête montre par ailleurs que les élèves socialement moins favorisés, les élèves fréquentant l’enseignement de qualification, les élèves qui ont redoublé et les élèves à risque de décrochage sont moins souvent retournés à l’école, et que ceux qui sont restés chez eux redoutaient davantage d’être contaminés. La crainte d’une amplification des inégalités scolaires et sociales en raison du confinement et d’un retour à l’école non obligatoire se confirme donc.
Les analyses menées par les chercheurs indiquent que, pour que le travail scolaire à domicile ait de la valeur aux yeux des élèves, il faut qu’ils se sentent soutenus par leurs enseignants non seulement sur le plan pédagogique, mais aussi émotionnel. Ce soutien et cet accompagnement ont été, de l’aveu des élèves, variables. Or, le fait que les enseignants s’intéressent à ce que vivent les élèves, qu’ils donnent des consignes claires et qu’ils soient disponibles pour donner des explications supplémentaires, améliore significativement deux composantes-clés de la motivation : le sentiment d’efficacité des élèves (le fait de se sentir capables de réaliser les tâches scolaires qui leur sont assignées) ainsi que leur engagement dans les tâches demandées par les enseignants.
Ces résultats sont importants en perspective de la rentrée scolaire : en septembre, les enseignants vont retrouver des élèves qui ont vécu la situation de manière très variable. C’est sans doute chez les jeunes déjà en difficulté ou vulnérables avant le confinement que les conséquences en termes de bien-être et de motivation risquent d’être les plus palpables. Ceux-ci auront besoin d’attention et d’écoute. Tout comme en situation de confinement, le soutien pédagogique et social des enseignants va s’avérer primordial.
Plus de détails dans la note de synthèse, à télécharger ici.
Des questions ?
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